Chahrayar raconte :
… Oui, comme disais la légende, j’étais un grand roi ! Oui, je gouvernais une très grande partie de la terre et j’envoyais mes hommes pour découvrir d’autres à envahir. J’étais sans doute le roi le plus majestueux qui a jamais existé sur terre ! En tout cas c’est ce que disaient les autres, parce que –et je le savais bien- ceux que je voyais ne pouvaient que me flatter !
« Pourquoi ? » : Chacun avait ses raisons : il y en a ceux qui le faisait pour de l’argent, d’autres par peur et beaucoup d’autres pour se rapprocher de moi !
« Se rapprocher » : ces mots me paraissent si ironiques, car -en vérité- ses gens ne voulais que se rapprocher de mon statu de roi mais jamais de ma personne. J’étais l’homme le plus connu au monde le plus majestueux et en même temps j’étais l’homme le plus seul au monde !
« Qui suis-je ? » : je ne pouvais plus savoir tant le regard des autres était toujours positif a mon égard ! Tout ce que j’entreprenais était « bien » …même si je faisais des atrocités c’était toujours « excellent » selon la critique de mon entourage !
« Qui suis-je ? » : je ne le savais plus puisque je ne pouvais regarder qu’à travers le monde …mais le monde ne reflétait que des images superflues !
Oui, je l’avoue, moi grand maître du monde à mon temps, je n’étais plus maître de moi même ! Moi l’homme craint par chacun de mes sujets par peur de ce que je pourrais décider, je me craignais aussi pour les même raisons !
Toutes les richesses du mondes étaient à mes pieds et je ne savais plus quoi en faire … toutes les belles créatures étaient dans mon lit …et donc j’étais obligé de dormir ailleurs !
Je suis allé jusqu'à inventer des fausses rumeurs me concernant pour faire reculer toutes les femmes qui s’agrippaient à mon lit pour obtenir le statut de reine. J’ai annoncé que je tuerais chaque femme que j’épouserais …du jour au lendemain, mon lit était devenu vide !
Sur le moment j’étais encore plus heureux que lorsque mes soldats gagnaient leurs guerres …mais quelques jours après je me suis senti encore plus seul !
Je dois l’avouer : Il est vrai que je n’aimais plus voir les belles femmes se bousculer sur mon lit, mais j’aimais toujours serrer une femme dans mes bras quand je dormais : je me sentais en sécurité !
Alors que je songeais à contre dire la rumeur que j’ai émise, je l’ai aperçu ! Pour la première fois je l’ai vu ! Plus gracieuse que ma grâce, plus belle que ma beauté. Mon dieu ! Si je réunissais tous les compliments que j’ai reçu de toute ma vie, ils ne feront pas le poids face à elle ! Je me suis approché d’elle en lui demandant :
- comment vous vous appelez ?
- Chahrazad !
Elle l’avait dit en levant ses beaux yeux noirs timidement vers moi et elle s’est tût ! Moi qui était reconnu comme meilleur homme de discours jamais née, je m’avouais déjà que celui là était de loin le plus beau !
« Chahrazad ». Même après tout ce temps je prends le même plaisir à prononcer son nom !
Après cette heureuse rencontre, je me suis vite dépêché d’aller voir le responsable des travailleurs au palais pour me renseigner sur ma Chahrazad …c’était en fait la fille d’un vieil poète qui vivait au palais depuis le règne de mon père.
Sans hésiter, j’ai ordonné de voir Chahrazad dans mon lit ce soir !
Avant même que la nuit tombe, je me suis retrouvé à attendre ma Chahrazad et a rêver d’elle !
Voilà qu’elle frappe enfin à ma porte !
« Entrez ! » dis-je avec une voie vibrante de joie ! C’est ce qu’elle a aussitôt fait : elle était là, le visage un peu baissé et tout rouge … ça n’était pas le rouge de la timidité mais un rouge qui révélait une certaine disgrâce et de la colère !
- Qu’est ce qu’il t’arrive ?
- Ce n’est rien majesté ! elle a répliqué sans que son état change d’un poil.
- En dirais que tu es fâchée ! qui est ce misérable qui t’a mis dans cet état !
- Oui en effet majesté … c’est un misérable, un infâme !
- Donne-moi seulement son nom et tu n’en entendras plus jamais parlé !
- C’est exactement tout ce que je souhaite majesté !
- Alors ! qui a osé gâcher ma soirée ?
- En effet majesté il gâche toutes vos soirées et mêmes vos journées aussi ! Il s’appelle Chahrayar !
- Comment… ?
- Oui ! c’est vous ! vous ...qui croyez être l’humain le plus important au monde … comment osez vous me considérer ainsi ? Un objet de désire c’est tout ce que je vous ai inspiré ?
- ….
- De toute façon tout ce qui compte pour vous c’est votre personne et rien d’autre ! maudite soit l’heure où je vous ai aimé …même mon nom ne vous dit plus rien …moi qui avait passé mon enfance a tes cotés ! moi qui t’avais aimé pour ce que tu es ! comment oses-tu ?
- Mais tu es en train de me tutoyer !
- De toute façon je ne t’aime plus … regarde comment tu es habillé !
- Tu n’aimes pas ma façon de m’habiller ?
Elle ne répondait pas car elle a explosé en sanglots. J’étais confus pour la première fois de ma vie : offensé mais séduit, fâché mais amoureux.
Dois-je la tuer ? Ou dois-je l’aimer ? …non ! Mon statut de roi ne me permettait pas de fermer les yeux sur des insultes pareils … c’est même reconnu par la loi – que j’ai conçu moi même – comme étant un blasphème.
Je sais que ce que j’ai fait est incompressible : si les gens qui m’entouraient l’aurait su ils auraient retiré toute leur estime pour ce que je représentais. Mais justement ce que je représentais n’était plus important pour moi. Pour la première fois de ma vie, j’ai regardé dans la glace et j’ai compris que cet accoutrement que je portais était vraiment moche et ridicule ! Pour la première fois de ma vie j’ai agit comme étant Chahrayar l’humain et j’ai jeté a part mon habille de grand roi !
Je me suis mis a genou j’ai tenu la main de ma Chahrazad et je lui ai demandé pardon ! Elle m’a fixé, avec ses yeux pleins de larmes, d’un regard que je n’oublierais jamais. Un regard si intense que moi même je n’ai pas pu retenir mes larmes. On s’est tenus la main, on s’est serrés et puis on ne s’est jamais séparé.
Dés le lendemain j’ai chargé mon frère du règne pour milles jours car on a décidé – Chahrazad et moi – d’aller dans un palais isolé passer une période ensemble : que moi et ma bien-aimée. C’était les plus beaux jours de ma vie !
Les milles jours se sont vite écoulés et j’ai dû retrouver mon statu de grand roi. Milles et une nuits sont passés sans que je retrouve mon peuple qui était là à m’acclamer plus fortement que jamais. Pour la première fois de ma vie, ca ne voulait rien dire pour moi car tout ce qui comptait pour moi c’est d’être aimé par une seule personne : ma Chahrazad.
D’après mon énorme expérience en tant que roi des rois, j’ai pu deviner que mon frère a tout prévu pour me tuer et prendre définitivement la couronne. J’aurais pu facilement éviter cela. Mais les milles et une nuit après Chahrazad m’ont fait changer de priorité : Tout ce qui m’importait était une vie à deux ! Et de toute façon les grands de ce monde doivent savoir le rester en sachant le moment exact de s’éclipser !
j’ai fait comprendre a mon frère que je savais tout sur son stratagème, que je comprenais ses ambitions et que j’accepterais de m’éclipser si il promettait que j’aurais une vie digne du roi des rois dans un endroit lointain moi et Chahrazad.
Son enthousiasme était tellement visible que j’ai pu tout de suite comprendre qu’il ne sera jamais un bon roi.
C’est ainsi qu’on a vécu très heureux pendant dix ans, moi et ma Chahrazad, dans un très beau palais. Mais puisque mon frère n’a mis que dix ans pour faire perdre tout le royaume, on a été obligés de fuir dans un bateau qui a pu nous mener dans cette île ou noue vivons seuls , sans le luxe royal… mais nous vivons heureux !
Ainsi par ma sagesse, j’ai pu rester gravé dans l’esprit des gens comme étant une vraie légende : depuis que j’ai cessé de gouverner, les rumeurs ne faisaient que s’agrandir et les gens se dépassaient pour inventer des belles histoires concernant les milles et une nuit passée avec Chahrazad.
Mais ce que les gens ne savaient pas c’est que après ces milles et une nuits, je passe une vie entière prés de Chahrazad et si Allah le voudrais bien, j’aimerais bien passer milles et une vie prés d’elle...